Publié le
16 septembre 2022

Musique associée

Mick Jagger / God gave me Everything

Vendredi dernier, j’ai posté une photo sur Instagram pour rendre hommage à la Reine Elizabeth II. Vous ne l’avez pas vue, je vous rassure, il est passé plutôt inaperçu (le poste).
Je voulais vous raconter l’histoire de cette photo et du capot qui est dessus.
Je vous remets la photo, car sinon, ce sera un peu dur à comprendre. 

Ce capot appartenait à une Jaguar Mark 7, c’est à dire une grosse limousine des années 1950.
Je faisais l’essai de la voiture après avoir travaillé dessus. Pendant l’essai j’ai senti une odeur d’essence et décidé de m’arrêter pour vérifier. Avant de descendre j’ouvre le capot et dès ma sortie, je vois qu’il y a une fuite d’essence à l’arrière du véhicule. Je vais donc à l’arrière pour faire une réparation de “fortune” pour pouvoir continuer mon essai.
Je remets le contact, les pompes à essence remettent la pression, il n’y a plus de fuite, je peux donc reprendre ma route.
Un peu énervé, je redémarre et arrive à un carrefour avec un stop qui me donnera accès à la dernière ligne droite de l’essai.
La route est dégagée, je prends la voie en accélérant gentiment… au bout de quelques centaines de mètres, avant d’arriver à ma vitesse de croisière… le trou noir… suivi d’un grand fracas. 

Non, je n’avais pas atteint la vitesse du son ! Mais une tempête sous mon crâne me fait comprendre que le capot s’est envolé !
Oui, il n’avait plus de sécurité. Je ne sais pas pourquoi et surtout, pourquoi je l’avais ouvert et pas refermé.
Je ne sais pas par quel miracle, il s’est ouvert, puis arraché… sans toucher le pare-brise, ni le pavillon, ni l’arrière de la voiture. (Ils sont trop forts les ingénieurs de chez Jaguar ! ).
Je grimpe alors sur les freins pour pouvoir récupérer tout ce que j’ai perdu. Je vous laisse imaginer ce que peut faire une voiture (un peu lourde) des années 50 en termes d’efficacité de freinage.

A peine arrêté, je vois s’arrêter derrière moi une Xsara Picasso. Un homme en descend en disant avec un accent plein de flegme : “je crois qu’il y a un problème”. Oups, les problèmes continuent.
Ce couple de Britanniques vivant en France, allaient à Angers pour voir un match de football. Même en roulant tranquillement, ils n’ont pas pu éviter l’ombre noire sur le sol, car un véhicule arrivait en face. En roulant dessus, le capot de la MK7 avait percé le radiateur de leur Xsara.
Mes neurones étant déjà échauffés par l’envolée du capot, il ne me fallut pas longtemps pour leur proposer (pour arranger tout le monde) de réparer leur voiture pour qu’ils puissent reprendre la route au plus vite vers Angers.
Heureusement, mon fournisseur local de pièce avait en stock un radiateur pour la Citroën.
Vue l’heure, il fallait que mes “victimes” aillent manger, ce qui me permettait aussi de travailler sur leur voiture.
Ils ont été “un peu décontenancés” quand je leur ai proposé de prendre le seul véhicule que je pouvais leurs prêter pour parcourir les 10 kilomètres pour trouver un endroit où manger. Je n’ai pas compris immédiatement, mais tous les citoyens Britanniques n’ont pas forcément déjà conduit un Range Rover P38. Ils étaient ravis !
Quelques heures plus tard, ils reprenaient leur voiture pour continuer leur voyage et arriver à temps à Angers.

Fin de l'acte I.

L’étape suivante était bien entendu de prévenir le propriétaire de la Jaguar et surtout de trouver un capot.

Vous imaginez bien, que l’on trouve plus facilement de l’or sous le sabot d’un cheval qu’un capot de Jaguar MK7 (même si les fers à cheval ne sont plus fixés avec des clous en or).
Je ne sais pas par quel miracle je trouve rapidement un capot en bon état chez nos voisins. Il ne me reste plus qu’à aller le chercher, dans le centre de l’Angleterre.
Y a plus qu’à !! Mais il faut tout de même partir avec un véhicule pouvant accueillir dans son coffre le dit capot, traverser, faire la route vers une ville inconnue et arriver avant la fermeture de l’entreprise qui détient le précieux objet.
Je ne me souviens plus du nom de la ville, mais manifestement elle avait eu son heure de gloire grâce à ses usines de fabrication de matelas. L’activité était partiellement délocalisée, laissant la population au chômage et les bâtiments désertés.
Dans un recoin d’une de ces usines, j’ai finalement réussi à trouver ces quelques mètres carrés qui font le tissu économique de l’Angleterre. M’y attendait la femme de l’entrepreneur. Il était parti faire une compétition avec sa Jaguar ancienne. Elle était enceinte jusqu’aux dents et essayait de réchauffer son premier nourrisson en le rôtissant à côté d’un chauffage à infrarouge réglé au maximum. Bien entendu, dans son état, elle ne me fut d’aucun secours pour chercher et trouver la pièce que j’avais achetée sur Ebay et déjà payée. Je faisais donc seul le singe sur des racks de palettes pour récupérer le capot et le charger dans la voiture.
De retour en France, il ne manquait qu’à peindre et monter le morceau de tôle.

Fin de l'acte 2.

Le capot endommagé est resté des années dans un coin de l’atelier. Je ne voulais pas dépenser la moindre énergie à le bouger, ranger, regarder. Il récupérait juste la poussière et quelques voiles de peinture.
Un jour il fallut bien que je décide de son avenir : le jeter, le garder (mais pour quoi faire ?), le broyer de rage…
C’est tout de même une belle pièce, plutôt rare, qui peut servir de décoration. Il y a plein de garages qui exposent des capots de coccinelle, 4CV… peints en langue, couleurs psychédéliques… Il me restait juste à trouver mon style.
Je me fixais sur un style minimaliste, compte tenu de mes capacités de peintre, avec un motif évoquant l’Angleterre. Quoi de mieux qu’une reproduction du tag de Banksy représentant la Queen Elizabeth II mixée avec l’éclaire de Ziggy Stardust de David Bowie.
Vu mes capacités de peintre, je décidais de trouver une image sur Internet et de la projeter avec un vidéo projecteur sur le capot puis de faire une copie de l’image à la peinture.
Une fois la peinture séchée, il me restait à accrocher le capot sur un mur du garage.

Fin de l’acte 3.

Le dicton dit que tout est bon dans le cochon, il est aussi possible de dire que tout est de l’art dans une Jaguar ?

 

Voilà, voilà …

 

Lionel.

ça vous a plu ?

pour recevoir mes prochains articles... inscrivez-vous !