Publié le
23 octobre 2020

Musique associée

Louise Attaque / Léa.

De l’autre coté de la Seine (l'envers du décors)

Un intervenant lors d’une formation en entreprise disait qu’il lui arrivait, dans certains cursus, de demander aux stagiaires de raconter leur matinée depuis le lever jusqu’à leur arrivée en formation. Certaines histoires étaient banales voir pathétiques avec des catastrophes. En revanche, il pouvait lui arriver d’avoir des récits extraordinaires dignes de romans.
Grosso modo, tout le monde vit la même chose le matin, il se réveille, se lave, petit déjeune, quitte son logement, prend un moyen de transport pour arriver au lieu de formation, rencontre les autres stagiaires autour d’un café.
Le but était de montrer l’importance de la manière de raconter. Une même situation peut donner un récit déprimant ou un conte de fée. Certains diront que la perception de votre vie dépend aussi de comment vous la racontez.

La semaine dernière, je vous parlais d’un trajet Caen Paris en MG A, en vous disant que le trajet et la voiture étaient agréables.

J’aurais aussi pu vous raconter ceci qui est tout aussi vrai…

En partant de Caen, la voiture était agréable et marchait très bien, la fin de journée était belle et tout présageait un beau trajet.
Entre Lisieux et Evreux, la voiture a commençé à donner des signes d’hésitation en sortie de rond points. Suite à un arrêt à Evreux, la voiture a eu du mal à redémarrer et à mis quelques minutes à fonctionner correctement, puis tout est rentré dans l’ordre.
L’habitude d’enregistrer toutes les anomalies de la voiture m’ont permis de remplir ma mémoire de ces informations, même si je n’avais pas encore décidé de les interpréter pour prendre une décision.
Arrivé sur l’autoroute, à 70 kilomètres de Paris, tout allait bien. Ma belle roulait très bien à 110 km/h. En faisant l’essai d’augmenter ma vitesse, je me rendis compte que l’aiguille du thermomètre était solidaire de celle de la vitesse (la température du moteur montait aussi vite que la vitesse).
J’en conclu que rouler à 110 était très bien et que j’avais tout le temps de prendre mon temps.

En ralentissant pour  arriver au péage de Mantes, le moteur tournait mal, il voulait caler. J'ai payé au péage en faisant des talons pointe pour ne pas caler et garder le moteur dans les tours. Je n’avais aucune envie de tomber en panne dans ce lieu fort peu accueillant.
Le voiture est repartie en pétaradant puis s’est stabilisée quelques centaines de mètres plus loin.

Tout allait bien tant que la voiture roulait

La ligne droite jusquà Orgeval, très bien la  traversée de la forêt de Marly, très bienla partie autour de Versailles, très bien
L’arrivée sur le tunnel de Saint Cloud : un peu plus compliqué Le moteur montrait des signes de coupures à chaque décélération. La vitesse limitée devenait faible et manifestement pas compatible avec les désirs du moteur. La traversée de la Seine sur le pont de Boulogne se fit correctement. Puis le moteur se mit à avoir plus de moments d’hésitations que de moments de marche. J’arrivai à la sortie de la porte d’Auteuil. Je n’avais que quelques secondes pour prendre la décision : de rester sur le périphérique et rouler doucement vers ma destination avec le risque en cas de panne d’être obligé de faire appel à un dépanneur et de ne plus avoir la main sur la suite ou de sortir du périphérique et gérer le problème tout seul

Je décidai de sortir

Bien m’en a pris, car le moteur s’arrêta et je réussi à immobiliser la voiture dans la montée vers la sortie. Il était 10 heures du soir, la circulation faible et les usagers utilisant la sortie peu nombreux. Malgré cela, l’endroit n’est pas du tout sûr et je m’activai à faire repartir le moteur pour quitter au plus vite ce lieu. Quelques minutes plus tard, j'ai réussis à faire une centaine de mètres et m’arrêtai sur des zébras à la fin de la sortie, juste en face du stade Rolland-Garros.

La voiture ne gênait pas la circulation et je pouvais commencer à faire les premiers diagnostiques

Est-ce que les rupteurs avaient toujours un écartement correct ? Ok.
Je cherchai un caillou pour tapoter sur la pompe à essence pour voir si le problème venait de là. Pas d’amélioration.
Donc, pour moi, le problème venait soit de la bobine qui se serait mise en court circuit à chaud, soit du condensateur qui aurait lâché. N’ayant pas les pièces sur moi pour faire les tests, il me restait à essayer de faire redémarrer le moteur et de trouver un endroit moins risqué pour laisser la voiture.
Une nouvelle tentative me permis d’aller jusqu’à la porte d’Auteuil devant les arrêts de bus, là où la place ne manque pas.

Il était 1 heure du matin et je pouvais tranquillement réfléchir aux solutions et en profiter pour prendre quelques photos de la voiture.

Behind the Seine

Ah, les solutions ? J’ai oublié de vous dire que j’ai fait ce trajet pendant le week-end du 15 août. A force d’immobilisations, la journée du samedi 15 août commençait. Il n’était donc pas question de trouver un magasin ouvert, ni samedi, ni dimanche pour trouver une bobine et un condensateur pour faire des essais.
De plus, l’utilisation répétée de la lampe sur mon téléphone commençait à entamer sérieusement mes réserves de batterie.
Souvent je me dis qu’une carte bleue et un téléphone permettent de se sortir de pas mal de mauvaises situations. Quand la carte bleue ne sert à rien et que le téléphone commence à faiblir, l’angoisse augmente.

Quelles étaient les priorités ? 
  • Pouvoir redémarrer la voiture pour lui trouver une place de parking dans un lieu moins risqué pour elle.
  • Trouver une bobine et un condensateur

Sachant que je devais rendre la voiture à son propriétaire le dimanche.

Je n’avais qu’une seule solution : démarrer la MG A et trouver une place dans une rue à l’entrée du 16ème. Ce qui ne devrait pas être très dur compte tenu de la date. Puis retourner à Caen samedi en train pour aller chercher des outils et des pièces pour réparer la voiture et prendre le plateau si je n’arrivais pas à dépanner la voiture.
La première étape fut réalisée, la voiture voulu bien démarrer, et je traversai la place d’Auteuil en pétaradant et vrombissant. J’ai continué en roue libre jusqu’à la première place qui me semblait un bon repos pour ma blessée. Il me restait à rejoindre mon hôtel pour reprendre des forces et faire l’aller retour à Caen dans la journée.

De retour vers 18 heures le samedi à Paris, je pouvais commencer les tests pour trouver la pièce défectueuse. Je branchai un condensateur avec des fils volants et hop le moteur démarra et tourna rond. Je remplaçai donc le condensateur, en profitai pour contrôler l’écartement du rupteur et fais quelques essais pour voir si tout allait bien.

C’est ce que l’on appelle une panne à cause d’une pièce à deux balles, il me semble ?

Le condensateur est une pièce qui supporte mal de vieillir. Lorsque toutes les voitures avaient des allumages classiques à rupteurs, la consommation de condensateur était importante (on remplace le condensateur à chaque remplacement de rupteur) et la durée du stockage faible. Maintenant les pannes dues aux condensateurs sont fréquentes. (Il peut donc être intéressant d’en avoir un neuf dans la voiture en secours.)
Lors de mes essais j’entendais des bruits à l’arrière de la voiture, j’ai profité du plateau pour mettre la voiture en hauteur et me glisser en dessous pour vérifier que tout allait bien.
Rassuré, j’ai pu profiter de Paris pour prendre des photos et rouler pour confirmer la conformité de la voiture. Je pouvais livrer la voiture normalement au client.

Tomber en panne n’est jamais agréable, malgré cela, en roulant en voiture ancienne, il faut s’y préparer et s’y attendre. S’y préparer veut dire avoir de quoi se sortir de la situation et savoir comment agir pour diminuer l’impact de la panne (savoir enregistrer toutes les informations avant l’arrêt, savoir se garer de la manière la plus sécurisée, se protéger des dangers, agir rapidement pour se dépanner ou se faire dépanner).

Si vous n’acceptez pas de pouvoir tomber en panne, le mieux est peut-être de ne pas rouler en ancienne. La panne peut aussi faire partie du plaisir que procure ce mode de vie.

 

Voilà, voilà,

 

Lionel.

ça vous a plu ?

pour recevoir mes prochains articles... inscrivez-vous !

4 commentaires

J’adore!

Merci Julien.

Vous êtes sur que ce n’etait pas une bougie défectueuse. Avec un petit 4 cylindres…. on ne sait jamais!!! Cordialement

C’est vrai que c’est possible qu’une bougie soit défectueuse et passante.
Mais les symptômes dans le cas de la MG A ne ressemblaient pas à la perte d’un cylindre.
Les coupures concernaient tous les cylindres, donc écartaient la possibilité d’une bougie.

Laisser un commentaire